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LES ESSAIS D'OPÉRA POPULAIRE EN ITALIE. 165

pièce, qui eut une étonnante célébrité (1), et dont on ne connais- sait plus que le livret, existe encore manuscrite; j'en ai trouvé un exemplaire dans une armoire du palais Chigi à Rome.

Ici, le doute n'est plus permis; nous nous trouvons en pré- sence d'un véritable opéra bouffe. Voici l'argument de la pièce : « Anselmo Giannozzi, bourgeois de Florence, a conduit sa fillle Isabelle à Golognole, dont il est podestà. Leandro, jeune homme de naissance honorable , s'est épris d'Isabelle et demande sa main. Gomme il est pauvre, Anselme n'y veut point consentir, jusqu'à ce que, par les bizarres inventions de Bruscolo, domes- tique de Léandre , on lui ait fait croire (étant vieux , simple et avare) que Léandre est extraordinairement riche, entre tous les gentilshommes du pays. » La comédie se passe au village. On y voit, comme foule, un chœur de musiciens, une troupe de sbires, des paysans gardes nationaux, des marchands dans une foire, des paysans. On y parlait le patois du pays, et le réalisme en était si fidèlement observé que l'auteur avait dû, pour se faire comprendre, joindre un glossaire à sa pièce (2). La musique offre un mélange de verve paysanne et gaillarde, et de derniers restes d'archaïsme. Le dialogue est franchement bouffe et suit avec une vivacité curieuse et amusée, les paroles, les mouve- ments et les ridicules des personnages. Ainsi le dialogue du Podestà et de Bruscolo (3) , où le vieux Pantalon , pris d'un

tique des morceaux. La Bibliothèque Chigi possède aussi de Jacomo Melani.

Girello, paroles de Nie. Acciajuoli ; Ercole in Tebi, par. de Moniglia, et VIdaspe, cantate (Arbante, Laurindo, Idaspe).

L'Ercole in Tebi se trouve aussi à la Bibl. Nat. de Paris. 1661, Firenze (mss. in-fol. obi. maroq., semé de fleurs de lis). Il fut joué pour les noces de Cosme III et de Marguerite d'Orléans (786 gr. f.).

(1) Elle fut jouée à Bologne, Pise, etc. On vint la voir de « pays lointains. »

(2) « Per chè in qualsisia génère di rappresentazione, l'osservare il cos- tume del personaggio che si introduce tanto nel parlare, che nell' opera- zioni, è il maggior obbligo che sia imposto dalle buone regole délia poetica a que tali che di ben comporre s'industriano, onde loro la piîi difficile fatica risulta, incontrerannosi nel leggero questo Drama moite voci proprie a i Contadini délie nostre Ville, le quali non saranno intese da chi non è na- tivo di Firenze, perô ho stimato molto a proposito per facilitarne l'intelli- genza porre nel fine del Drama la dichiarazione non solamcnte de i voca- boli, ma de i proverbi ancora, e dettati rusticali. » (Moniglia, Théâtre, préface. Nouvelle édition de 1689.)

On voit que nos réalistes auraient de la peine à surpasser en logique le bon Moniglia, qui veut que les personnages parlent exactement comme dans la vie réelle.

(3) Acte I, scène 14. — Je ferai remarquer combien le stylo vigouroux de la bouffonnerie italienne a de saveur, et combien il y a prés des valets de

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