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210 LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.

de lutte, s'abandonne après qu'elle est finie, dans la jouissance lasse d'un bien-être renaissant et d'une paix relative. Les souve- rains s'efforcent de connaître les raffinements du luxe étranger ; ils copient l'Italie et la France; le cosmopolitisme sévit en Alle- magne. Les Italiens sont seuls aimés et appréciés comme maestri, comme chanteurs et comme librettistes. On les attire à force de largesses, et si l'on a de bons musiciens chez soi, on les envoie en Italie, d'où ils reviennent ayant perdu ou altéré leur person- nalité.

Henriette- Adélaïde de Savoie, femme du duc Ferdinand, in- troduit en Bavière le goût des représentations théâtrales. Le 12 fé- vrier 1654, paraît sur la scène le premier opéra noté par la plupart des historiens allemands (1) : la Ninfa ritrosa, pastorale avec beaucoup de mise en scène et d'extravagances, dont la musique est perdue et l'auteur inconnu. La même année, on donne un grand ballet avec chants, la Pompe di Cipro , de Carlo Mac- chiati (2). Puis viennent différentes pièces (3) dont nous ne pou- vons rien dire , car la musique en a été perdue. Les livrets sont d'une extravagance pompeuse et niaise, dont rien ne peut donner une idée. Tous les poètes à la solde des ducs cherchent à établir tant bien que mal un continuel rapport entre les sujets qu'ils traitent et la famille ducale. Quand le sujet s'y refuse absolument, ils se rabattent sur le prologue. Dans celui de YErinto (1661), le géant Géryon converse avec Zoroastre dans les Champs-Elysées. Il chante avec ses trois têtes (Basso, Alto, Tenore) un trio en l'honneur du duc. En outre, paraissent la Chasteté, Archimède, l'Intelligence et Jupiter, qui s'unissent en un chœur célébrant la famille princière. Jusqu'en 1680, les livrets ne sont que d'absur- des amas de folles mises en scènes et d'adulations grossières. — La princesse Adélaïde prend part elle-même à la confection de quelques pièces (4), et le duc y daigne jouer parfois, à l'instar de Louis XIV (5).

(1) Rudhart, Geschichte der Oper am Hofe zu Mûnchen, V e partie; Die ita- lienische Oper von 165it-1181 (Freysing, 1865, in-8°).

(2) Musicien ou librettiste? Nous ne le savons pas. La musique est perdue.

(3) Oronte, 1657; Erinto , 1661; Medea vendicata, drama di foco; Le pre- tensioni di soli, 1667; Les quatre éléments, 1657, introd. pour ballet.

(4) Les quatre éléments, 1657. Elle fournit aussi le sujet de l'Ardelia, 1660.

(5) Après le couronnement de l'empereur Léopold, en 1658, le duc joue à Munich dans une fête brillante [barriera), avec soli et chœurs. Il représente le dieu-soleil; son frère Max, le dieu-lune; toute la noblesse bavaroise y prend part. Le globe entier et même le planisphère céleste étaient mis à contribution. On voyait le jour, la nuit, les saisons, les étoiles, etc.

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