Page:Rolland Les origines du théâtre lyrique moderne.djvu/227

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L'OPÉRA EN ALLEMAGNE. 21.3

cours aux spectateurs, comme il est habituel. Point de protase pour raconter l'ensemble des circonstances. Point d'épitase qui commence à embrouiller les choses. Point de catastase pour mon- trer aux auditeurs le comble des complications. Point de catas- trophe qui les ramène en une tranquillité inespérée. Ce n'est pas une comédie, car le sujet n'est pas emprunté aux mœurs bour- geoises et ordinaires. Pas une tragédie, car elle ne contient pas de cas atroces ou misérables. Pas une tragi-comédie, car elle n'est pas à moitié l'une, à moitié l'autre. Ce devrait être un drame ; mais la qualité du sujet et la manière dont il est traité, n'autorisent pas raisonnablement ce titre. J'aurais voulu l'appeler Erolopxynion musicum (quod est Ludus deAmore,-ad musicum per- tinens) ; mais comme c'est un nom inusité, bien que fondé sur la raison, je ne sais s'il satisfera. Je m'en remettrai donc au juge- ment et au choix que vous ferez vous-mêmes. »

C'est un assemblage d'actions et d'épisodes étrangers les uns aux autres, et sans aucune espèce de lien. La pièce commence avant la naissance d'Achille, et finit à l'arrivée d'Hélène à Troie. La Discorde se lamente de n'être pas invitée aux noces deThétis, vole les pommes des Hespérides, et s'enfuit. Deux pâtres disent leur amour à la belle Emilia et lui reprochent tour à tour de les trahir. Elle déclare les aimer autant l'un que l'autre, et leur explique qu'ils doivent l'aimer de même. Ils se plaignent de ce jugement. Paris dit son amour pour Enone. Des enfants jouent au jeu de la civette; un ours survient et les chasse. Paris juge les déesses. 11 s'embarque pour Sparte. On le présente à Hélène; Amour les blesse tous deux; à l'instant, ils s'enflamment. Paris cache son nom ; il chante et sa musique pénètre le cœur d'Hélène, Un valet polisson et un balayeur bègue chantent, tour à tour, leur maîtresses. Dans les appartements les plus retirés d'Hélène, Paris s'introduit. Hélène qui le croit de basse condition, et résiste à l'amour, le repousse d'abord ; mais il se fait connaître; Amour ferme les rideaux et s'en va. Devant le temple de Vénus, à Cy thère, Paris enlève Hélène après un combat acharné. Dans la rue d'une ville, un valet chargé d'apporter du vin, le boit et se grise. Dans une bibliothèque, un précepteur fait la leçon à deux pages. Eux, au lieu d'écouter, regardent les images dans un fablier d'Esope. Le précepteur les gronde; ils répliquent qu'étant nobles, ils n'ont pas besoin de travailler, et lui jettent les livres au nez. Le magister se plaint et fait une belle tirade. Enone poursuit Paris. Les pages la surprennent et veulent l'enlever ; niais tandis qu'ils discutent sur l'endroit où on l'emmènera, Enone en profite

�� �