Page:Rolland Les origines du théâtre lyrique moderne.djvu/246

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

232 LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.

magne et en Italie, comme en France. J'ai parlé du madrigal dramatique dans un chapitre spécial (1), et je passe aux essais plus particulièrement français (2).

La première tentative musicale, où l'on sente l'influence de l'humanisme et de l'antiquité, fut faite sous Charles IX. Ce Flo- rentin, d'un caractère distingué et passionnément artiste, adorait la musique ; sa mélancolie s'y plaisait. Il fit de grands efforts pour attirer Roland de Lassus en France. Le grand musicien fit un premier voyage à Paris en 1571 (3) ; il descendit chez le fameux éditeur de musique, Adrien Le Roy, qui le présenta à la cour. Charles IX le reçut richement, et lui prodigua les hon- neurs (4). Quelque temps après, Roland reçut à Munich l'invita- tion du prince à se rendre auprès de lui, pour diriger la chapelle du Louvre. Il hésita longtemps à se séparer de son généreux pro- tecteur, le duc de Bavière ; il accepta enfin, sur le conseil du duc lui-même, et se mit en route avec toute sa famille; mais arrivé à Francfort, il y apprit la mort de Charles IX (1574), et retourna à Munich (5). Cependant, bien qu'il n'ait pas séjourné à la cour de France, il écrivit pour elle diverses musiques (6), où l'on sent un acheminement vers le drame lyrique. C'est ainsi qu'il com-

��(1) Voir p. 29 et suiv.

(2) A noter les fêtes allégoriques avec musique, dans le goût italien. Pour l'entrée d'Henri II à Rouen, en 1550, on voit le combat d'Apollon et du serpent Python, mis en musique (comme pour les noces de 1589 à Florence). Voir p. 62.

(3) Voir l'épître dédicatoire des motets : Moduli quinis vocibus nunquam hactenus editi, juin 1571. Paris, Ad. Le Roy et R. Ballard , in-4o obi. — Déd. à Guillaume de Bavière.

(4) Dédicace à Charles IX du Primus liber modulorum , quinis vocibus constantium, Orlando Lassusio auctore. Paris, A. Le Roy, 1571, in-4o obi.

(5) Dans la joie de retrouver son musicien, Albert V de Bavière composa un panégyrique à l'occasion de son retour. — Il avait une admiration pas- sionnée pour Roland. La copie qu'il fit exécuter de ses Psaumes de la Pé- niliince est d'un luxe extraordinaire. Ce sont 4 vol. in-fol. en maroquin, avec des fermoirs et des serrures ciselées, des armoiries, et des portraits en pied et en buste (du duc, de Roland, du peintre Jean Mielich, de Quickel- berg, auteur des descriptions, du calligraphie, de l'orfèvre, du relieur). L'édition est, de plus, ornée de miniatures et de lettres (Munich). Voir, sur Roland, chap. précédent.

(6) De tous les primitifs de la musique, Roland est celui qu'on a le plus connu et pratiqué en France, au seizième et au dix-septième siècle. Le nom- bre considérable de ses éditions en fait foi. En 1677, les Ballard entrepren- nent encore une nouvelle publication des motets. L'éditeur Adrian Le Roy appelle Roland « un grand maître et suprême ouvrier..., patron et exem- plaire sur lequel on se peut seurement arrêter. »

�� �