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la vie de Michel-Ange

elle fut l’amie de Pietro Carnesecchi,[1] de Giberti, de Sadolet, du noble Reginald Pole, et du plus grand de ces prélats réformateurs, qui constituèrent en 1536 le Collegium de emendandâ Ecclesiâ : le cardinal Gaspare Contarini,[2] qui s’efforça en vain d’établir l’unité avec les protestants, à la diète de Ratisbonne, et qui osait écrire ces fortes paroles :[3]

La loi du Christ est une loi de liberté… On ne peut appeler gouvernement ce dont la règle est la volonté d’un homme, enclin par nature au mal et poussé par d’innombrables passions. Non ! Toute souveraineté est une souveraineté de la raison. Elle a pour objet de conduire par les justes voies tous ceux qui lui sont soumis à leur juste but : le bonheur. L’autorité du pape est, elle aussi, une autorité de la raison. Un pape doit savoir que c’est sur des hommes libres qu’il exerce cette autorité. Il ne doit pas, à son gré, commander, ou défendre, ou dispenser, mais seulement d’après les règles de la raison, des divins Commandements, et de

    Naples, à Rome, à Venise, soutenu par le peuple contre les interdictions de l’Église, Jusqu’en 1542, où sur le point d’être frappé comme luthérien, il s’enfuit de Florence à Ferrare, et de là à Genève, où il passa au protestantisme. Il était ami intime de Vittoria Colonna ; et, sur le point de quitter l’Italie, il lui annonça sa résolution dans une lettre confidentielle.

  1. Pietro Carnesecchi de Florence, protonotaire de Clément VII, ami et disciple de Valdès, fut une première fois cité devant l’Inquisition en 1546, et brûlé à Rome en 1567. Il était resté en relations avec Vittoria Colonna, jusqu’à la mort de celle-ci.
  2. Gaspare Contarini, d’une grande famille vénitienne, fut d’abord ambassadeur de Venise auprès de Charles-Quint, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Espagne, puis auprès de Clément VII, de 1528 à 1530. Il fut nommé cardinal par Paul III, en 1533, et légat en 1541 à la diète de Ratisbonne. Il ne réussit pas à s’entendre avec les protestants, et se rendit suspect aux catholiques. Il revint, découragé, et mourut à Bologne, en août 1542. Il avait composé de nombreux écrits : De immortalitate animae, — Compendium primae philosophiae, et un traité de la Justification, où il était très près des idées protestantes sur la grâce.
  3. Citées par Henri Thode.
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