Page:Rolland Vie de Michel-Ange.djvu/181

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA MORT

artistiques, il lui donna des conseils pour ses travaux, et il l’accompagna à cheval à Saint-Pierre.[1]

Au mois d’août 1561, il eut une attaque. Il avait dessiné, trois heures de suite, les pieds nus, quand il fut pris subitement de douleurs et tomba en convulsions. Son serviteur Antonio le trouva sans connaissance. Cavalieri, Bandini et Calcagni accoururent. Quand ils arrivèrent, Michel-Ange était revenu à lui. Quelques jours après, il recommençait à sortir à cheval, et travaillait aux dessins de la porta Pia.[2]

L’intraitable vieillard n’admettait pas, sous quelque prétexte que ce fût, qu’on s’occupât de lui. C’était un tourment continuel pour ses amis de le savoir seul, à la merci d’une nouvelle attaque, avec des domestiques négligents et peu scrupuleux.

L’héritier, Lionardo, avait reçu jadis de si rudes rebuffades, quand il avait voulu venir à Rome, pour la santé de son oncle, qu’il n’osait plus s’y risquer. En juillet 1563, il lui fit demander par Daniel de Volterre s’il lui serait agréable de le voir ; et, pour prévenir les soupçons que sa venue intéressée aurait pu inspirer à l’esprit défiant de Michel-Ange, il fit ajouter que ses affaires allaient bien, qu’il était riche, et qu’il n’avait plus besoin de rien. Le malin vieux lui fit répondre que, puisqu’il en était ainsi, il en était enchanté, et qu’il donnerait le peu qu’il possédait aux pauvres.

Un mois plus tard, Lionardo, très peu satisfait de la

  1. Il avait quatre-vingt-cinq ans.
  2. Ce fut alors qu’il se souvint du contrat conclu, soixante ans avant, avec les héritiers de Pie III, pour l’autel Piccolomini de Sienne, et qu’il voulut l’exécuter.
179