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LA MORT

çât une surveillance attentive sur sa domesticité et sur tous ceux qui fréquentaient sa maison. En cas de mort subite, on devait aussitôt dresser l’inventaire de tous ses biens : dessins, cartons, papiers, argent, et veiller à ce que rien ne fût emporté, dans le premier désordre. Des mesures furent prises, à cet effet. Il va sans dire qu’on se garda bien d’en rien laisser savoir à Michel-Ange.[1]

Ces précautions ne furent pas inutiles. L’heure était venue.

La dernière lettre de Michel-Ange est du 28 décembre 1563. Depuis un an, il n’écrivait presque plus lui-même ; il dictait et signait ; Daniel de Volterre tenait sa correspondance.

Il travaillait toujours. Le 12 février 1564, il passa tout le jour, debout, à sa Pietà.[2] Le 14, il fut pris de fièvre. Tiberio Calcagni, prévenu, accourut, et ne le trouva pas chez lui. Malgré la pluie, il était allé se promener à pied, dans la Campagne. Quand il revint, Calcagni lui dit que ce n’était pas raisonnable, qu’il n’eût pas dû sortir par un temps pareil.

— « Que voulez-vous ? — répondit Michel-Ange. — Je suis malade, et je ne puis nulle part trouver de repos. »

L’incertitude de sa parole, son regard, la couleur de son visage, rendirent Calcagni très inquiet. « La fin peut ne pas venir tout de suite, écrivit-il aussitôt à Lionardo ; mais je crains fort qu’elle ne soit pas loin. »[3]

  1. Vasari.
  2. Il s’agit de la Pietà inachevée du palais Rondanini. — (Lettre de Daniel de Volterre à Lionardo, 11 juin 1564.)
  3. Lettre de Tiberio Calcagni à Lionardo, 14 février 1564.
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