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LA FORCE

diable t’emporte ! » — Et comme il ne s’en allait pas, les serviteurs du pape le jetèrent à coups de poing dehors. Alors, le pape, ayant déchargé sa colère sur l’évêque, fit approcher Michel-Ange, et lui pardonna. »[1]

Malheureusement, pour faire sa paix avec Jules II, il fallut en passer par ses caprices ; et la toute-puissante volonté avait de nouveau tourné. Il ne s’agissait plus du tombeau, mais d’une statue colossale de bronze, qu’il voulait se faire élever à Bologne. Michel-Ange en vain protesta « qu’il n’entendait rien à la fonte du bronze ». Il lui fallut l’apprendre ; et ce fut une vie de travail acharné. Il habitait une mauvaise chambre, avec un seul lit, où il couchait avec ses deux aides florentins, Lapo et Lodovico, et avec son fondeur Bernardino. Quinze mois se passèrent en ennuis de toutes sortes. Il se brouilla avec Lapo et Lodovico, qui le volaient.

« Ce gredin de Lapo, écrit-il à son père, donnait à entendre à tous, que c’était lui et Lodovico qui faisaient tout l’ouvrage, ou du moins qu’ils le faisaient en collaboration avec moi. Il ne pouvait se mettre dans la tête qu’il n’était pas le maître, jusqu’au moment où je l’ai mis dehors : alors, pour la première fois, il s’est aperçu qu’il était à mon service. Je l’ai chassé comme une bête. »[2]

Lapo et Lodovico se plaignirent bruyamment ; ils répandirent à Florence des calomnies contre Michel-Ange, et parvinrent à extorquer de l’argent de son père, sous prétexte qu’il les avait volés.

  1. Condivi.
  2. Lettre à son père, 8 février 1507.
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