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la vie de Michel-Ange

De 1515 à 1520, dans ces dernières années de la grande Renaissance, avant les cataclysmes qui allaient mettre fin au printemps de l’Italie, Raphaël avait peint les Loges, la Chambre de l’Incendie, la Farnésine, des chefs-d’œuvre dans tous les genres, élevé la villa Madame, dirigé la construction de Saint-Pierre, les fouilles, les fêtes, les monuments, gouverné l’art, fondé une école innombrable ; et il mourait au milieu de son travail triomphant.[1]

L’amertume de ses désillusions, le désespoir des jours perdus, des espérances ruinées, de la volonté brisée, se reflètent dans les sombres œuvres de la période suivante : les tombeaux des Médicis, et les nouvelles statues du monument de Jules II.[2]

Le libre Michel-Ange, qui ne fit, toute sa vie, que passer d’un joug à un autre, avait changé de maître. Le cardinal Jules de Médicis, bientôt pape sous le nom de Clément VII, régna sur lui, de 1520 à 1534.

On a été très sévère pour Clément VII. Sans doute, comme tous ces papes, il voulut faire de l’art et des artistes les serviteurs de son orgueil de race. Mais Michel-Ange n’a pas trop à se plaindre de lui. Nul pape ne l’a autant aimé. Nul n’a témoigné un intérêt plus constant et plus passionné à ses travaux.[3] Nul n’a mieux

    Léon X, pour ramener les restes de Dante, de Ravenne à Florence ; et il s’offrit « à élever au poète divin un monument digne de lui ».

  1. Le 6 avril 1520.
  2. Le Vainqueur.
  3. En 1526, Michel-Ange devait lui écrire, chaque semaine.
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