Page:Romains - Les Copains.djvu/129

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tempes s’alourdissaient. Des billes lui grouillaient dans la tête.

— J’ai soif. Que dirais-tu d’une bouteille de supérieur ?

— Je t’en dirais le goût.



Dès lors les actions s’accomplirent dans une somnolence héroïque. La pensée des copains luttait contre une houle. Une sorte de zone interdite les séparait des objets. Ils ne voyaient pas les murs du couloir ; ils ne touchaient pas le guidon de leurs bicyclettes. Entre les murs et leurs yeux, entre l’acier et leurs mains régnait une épaisseur à la fois cotonneuse et glissante. Leurs mouvements étaient toujours un peu autres qu’ils ne les voulaient. Mais cette infidélité même leur donnait du charme.

D’ailleurs les copains ne songeaient pas à s’en affliger. À peine daignaient-ils s’en aper-