Page:Romains - Les Copains.djvu/137

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L’homme attendit respectueusement qu’ils eussent franchi la porte. Alors il quitta vite sa place et sortit sur la route. Il entendait ne pas manquer le spectacle de leur départ.

— Comment qu’ils vont bouffer cette côte-là ! se disait-il. C’est une chose qui vaut la peine d’être vue.

Bénin et Broudier, ayant amené leurs machines au milieu de la chaussée, les enfourchèrent avec lenteur. Et les roues commencèrent à moudre la côte.

Bénin, amolli par cette halte, tiquait un peu. Mais il grimpait tout de même proprement, à une allure de touriste.

Broudier se sentit couvert de sueur dès le deuxième coup de pédale. Et puis l’ivresse, aidée par le soleil, lui avait brisé la chair en petits morceaux. Il lui semblait que ses jambes, que ses cuisses, que ses reins étaient pleins de verre pilé.

Broudier zigzaga ainsi quelques mètres.

L’homme, planté sur la route, regardait de tous ses yeux.