Page:Romains - Les Copains.djvu/201

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le rebord en velours de la chaire ; fit un signe de croix, remua les lèvres. On pensa qu’il priait.

Au vrai, il s’adressait à lui-même l’exhortation suivante :

— Mon vieux Bénin ! Il ne s’agit plus de flancher. Te voici comme le plongeur à l’extrémité de la planche. Va falloir piquer une tête, et ne pas boire la tasse !

Il regarda devant lui.

— Si, au moins, j’apercevais les poteaux ! Ça me donnerait du courage !

Mais il ne distinguait rien. Il avait une brume à quelque distance des yeux. Ou plutôt, il ne voyait que par masses, que par ensembles. Les détails ne s’évanouissaient pas tout à fait ; ils perdaient leur sens propre ; Bénin n’arrivait pas à les identifier.

Quelque chose s’étendait bien dans l’espace inférieur. Il aurait appelé ça un dos de bête, une peau uniformément granuleuse et pustuleuse. Il prenait les visages tournés