Page:Romains - Les Copains.djvu/205

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sonnait plein, d’un maniement agréable.

Bénin reprit :

— C’est ainsi que, mes bien chers frères, surtout dans l’époque moderne, et depuis la malheureuse agitation de la Réforme, il semble que la pensée et l’action chrétiennes de notre pays se soient comme hypnotisées sur certains points de morale, je dirai même sur certains scrupules de mœurs, qui ont bien leur intérêt, mais qui ne méritaient peut-être pas de retenir, d’accaparer, d’immobiliser toutes nos forces. Ces questions si particulières ont paru devenir le pivot de la vie religieuse. On a négligé en leur faveur des soucis plus graves ; on a laissé en jachère un domaine spirituel autrement étendu.

« Or, en agissant ainsi, les chrétiens auxquels je fais allusion n’ont pas douté une seconde qu’ils fussent fidèles à l’enseignement du Christ. Même lorsqu’ils avaient conscience de contrarier le vœu profond de la nature, ils se plaisaient à croire qu’ils respectaient l’intention formelle du Créateur.