Page:Romains - Les Copains.djvu/215

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réchauffer l’imagination. Et quand la nuit vous rapproche dans l’étroite intimité de la couche, quand votre beauté n’a plus d’autre rempart qu’un léger voile, quand elle s’abandonne à tous les hasards du contact, à toutes les hardiesses du toucher, est-ce que certains mouvements à demi involontaires, certains gestes à peine conscients n’iront pas donner le branle à des familiarités fécondes ? Rougirez-vous de porter la main sur une initiative que la nature certes ne vous a pas dévolue, mais que vous seriez coupable de laisser sommeiller trop longtemps ? »

« Et qu’un époux ne me dise pas : « Mon Père, je suis dévoré de zèle ; mais ma femme m’oppose une invincible froideur, quand ce n’est pas une répugnance mal dissimulée. » Je lui répondrais plus vivement encore : « Dieu, m’écrierais-je, vous a confié un champ. S’il n’est pas resté en friche, il n’en vaut guère mieux. Un labourage nonchalant et superficiel, que n’ont point complété d’autres travaux, ne pouvait produire une