Page:Romains - Les Copains.djvu/90

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de course la rangée des guichets. Un seul était ouvert. On lisait sur le fronton :

« Quatre heures quarante. Melun. Moret, Gien, Nevers, semi-direct. »

Bénin eut un double mouvement d’allégresse et de remords :

— J’ai douté de Broudier, de ce digne et véridique ami ! Je l’aperçois déjà debout sur le débarcadère. L’ennui, c’est qu’il faut faire enregistrer ma machine.

Il n’était que quatre heures trente-neuf lorsque Bénin atteignit le quai.

— Pourvu qu’on ait le temps de mettre la bécane dans ce train-ci. Avec ma guigne !

Il se tournait anxieusement vers les fourgons.

Ce fut alors qu’un homme, vêtu de toile bleue, parut, guidant une bicyclette. Bénin reconnut son sac, sa valise, et l’étrange paquet qui ballottait derrière la selle.

Rassuré, il chercha un compartiment. Il voulait être seul, pour que son enthousiasme pût se dilater à l’aise, sans se friper sur de la