Page:Ronchaud - Le Filleul de la mort, 1880.djvu/68

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Pourtant toujours vers la terrible faux
Il regardait avec inquiétude.
Ni la vieillesse et sa décrépitude,
Ni bien des maux, n’avaient fait naître en lui
De cette vie aucune lassitude.
Sa femme morte, il sentit quelque ennui ;
Puis il porta patient son veuvage.
 
Un jour il eut de sa fin le présage.
Il vit en rêve un lieu vaste et profond,
Illuminé par des lampes sans nombre
Dont les milliers de feux tremblaient dans l’ombre.
La Mort errait sous le morne plafond,
Et, visitant leur file taciturne,
À pas muets s’approchait de chaque urne.
Thibaut s’étonne et regarde, attentif.
Il sent au cœur un trouble involontaire,
Et, soupçonnant déjà quelque mystère,
Suit en rêvant la Mort d’un pas craintif.
Parmi ces feux tremblants dans les ténèbres,
Les uns brillaient d’un éclat pur et vif ;
D’autres jetaient un éclair fugitif,
Prêt à s’éteindre en des ombres funèbres.
Thibaut avise, en un coin écarté,
Sur une mèche aux trois quarts consumée,
Un feu mourant dont la faible clarté