Page:Ronsard - Choix de poésies, édition 1862, tome 1.djvu/62

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XXIX.

Heureuse fut l'étoile fortunée,
Qui d'un bon œil[1] ma maîtresse aperçut;
Heureux le bers[2] et la main qui la sut
Emmaillotter le jour qu'elle fut née !
 
Heureuse fut la mamelle en-mannée[3]
De qui le lait premier elle reçut :
Et bien heureux le ventre qui conçut
Telle beauté de tant de dons ornée.

Heureux parents qui eûtes cet honneur
De la voir naître un astre de bonheur;
Heureux les murs , naissance de la belle !

Heureux le fils dont grosse elle sera,
Mais plus heureux celui qui la fera
Et femme et mère en lieu d'une pucelle[* 1] !

  1. Qui d'un bon œil : dont l'heureuse influence préside à la naissance de ma maîtresse.
  2. Bers : berceau, mot vendômois (Muret). Encore en usage aujourd'hui dans le Calvados.
  3. En-mannée : pleine d'un lait doux comme la manne.


XXX.

Ce ris plus doux que l’œuvre d’une abeille[1],
Ces dents ainçois deux remparts argentés
Ces diamants à double rang plantés
Dans le corail de sa bouche vermeille:

Ce doux parler qui les âmes réveille,

  1. le miel

  1. Les idées sont prises d’Ovide, Métam. IV, 321