Page:Rosenthal - La Peinture romantique, 1900.djvu/32

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entièrement accomplie. Entre le dix-huitième siècle, qu’il a épuré, et le Romantisme, qu’il prépare, Prudhon, à lui seul, peut servir de trait d’union. Par lui, l’esprit qui animait Watteau et Fragonard et, malgré ses défaillances, Bouclier, n’est pas mort. Isolé, suivi par une imitatrice zélée[1]et une poignée d’élèves médiocres[2], il est plus dangereux pour la gloire de l’École que le troupeau hésitant des disciples de Vincent et de Régnault.

Si redoutable qu’elle fût pour l’avenir, l’attitude de Prudhon ne détruisait pas, pour le présent, l’accord de l’École Impériale. Quelle que fût la considération personnelle dont il jouît[3], il n’était qu’une exception. On espérait, on était persuadé, qu’il resterait sans postérité.

Que ces espérances fussent vaines, que les vœux que l’on formait pour l’École fussent stériles, c’est ce qu’annonçaient, dès lors, des signes menaçants, précurseurs d’une Révolution artistique, signes que nous allons, à présent, étudier.

  1. Mlle Mayer (1778-1821). Voir, au Louvre, La Mère heureuse (1810), La Mère abandonnée (1810), Le Rêve du bonheur (1819). Le musée d’Amiens expose (sous le n° 454), un beau portrait de Mlle Klise Voïart par Mlle Mayer.
  2. Comme Ch. de Boisfrémond dont le musée de Bouen expose Jésus et la Samaritaine et La Mort de Cléopâtre (1820), ou Lordon, dont on voit, au musée de Dijon, une Sémiramis (1822) et, à Angers, Hylas et les Nymphes.
  3. Il fut admis à l’Institut, le 22 septembre 1810.