Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/121

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— Si les mammouths quittent le pâturage, fit Nam, je réveillerai le fils du Léopard.

— Le pâturage est abondant, répondit Naoh ; les mammouths y paîtront jusqu’au soir.

Il tomba dans un sommeil profond comme la mort.

Quand il s’éveilla, le soleil s’inclinait sur la savane. Des nuages couleur de schiste s’amoncelaient et, doucement, ils ensevelissaient le disque jaune, pareil à une vaste fleur de nénuphar. Naoh se sentit les membres brisés aux jointures ; la fièvre courait au travers de son crâne et de son échine ; mais le bourdonnement s’affaiblissait dans ses oreilles et la douleur de son épaule reculait.

Il se leva, regarda d’abord le Feu, puis demanda au veilleur :

— Les Kzamms sont-ils revenus ?

— Ils ne se sont pas éloignés encore… Ils attendent, sur le bord du fleuve, devant l’île aux hauts peupliers…

— C’est bien ! répondit le fils du Léopard. Ils n’auront pas de Feu pendant les nuits humides ; ils perdront courage et retourneront vers leur horde. Que Nam dorme à son tour.

Tandis que Nam s’étendait sur les feuilles et le lichen, Naoh examina Gaw, qui s’agitait dans un rêve. Le jeune homme était faible, la peau ardente ; son souffle passait avec rudesse, mais le sang ne coulait plus de sa poitrine. Le chef, songeant qu’il ne rentrerait pas encore dans les racines de la terre profonde, se pencha sur le Feu, avec un grand désir de le voir croître dans un brasier de branches sèches.

Mais il repoussa ce désir vers les journées suivantes. Car il fallait d’abord obtenir que le chef des mammouths permît aux Oulhamr de passer la nuit dans son camp. Naoh le chercha du regard. Il l’aperçut, solitaire, selon