Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/162

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traient dans la mêlée. Mais les épieux se détendaient avec vitesse : chacun des Oulhamr reçut une blessure, légère pourtant, car les coups étaient faiblement portés, et de trop loin. Les trois massues ripostèrent ensemble ; et, voyant tomber de nouveaux guerriers, voyant aussi surgir l’homme sauvé par Naoh, les Nains valides s’enfuirent. Naoh en abattit deux encore, les autres réussirent à se glisser parmi les roseaux. Il ne s’attarda pas à les découvrir, impatient de joindre les Hommes-sans-épaules.

Parmi les saules, le corps à corps avait commencé. Seuls quelques guerriers armés du propulseur avaient pu se réfugier dans une mare, d’où ils inquiétaient les Nains Rouges. Mais ceux-ci avaient l’avantage du nombre et de l’acharnement. Leur victoire semblait certaine : on ne pouvait la leur arracher que par une intervention foudroyante. Nam et Gaw le concevaient aussi bien que le chef et bondissaient à toute vitesse. Quand ils furent proches, douze Nains Rouges, dix Hommes et Femmes-sans-épaules gisaient sur le sol.

La voix de Naoh s’éleva comme celle d’un lion, il tomba d’un bloc au milieu des adversaires. Toute sa chair n’était que fureur. L’énorme massue roula sur les crânes, sur les vertèbres et dans le creux des poitrines. Quoiqu’ils eussent redouté la force du colosse, les Nains Rouges ne l’avaient pas imaginée si formidable. Avant qu’ils se fussent ressaisis, Nam et Gaw se ruaient au combat, pendant que les Hommes-sans-épaules, dégagés, lançaient des sagaies.

Le désordre régna. Une panique arracha quelques Nains Rouges du champ de guerre, mais, sur les cris du chef, tous se rallièrent en une seule masse, hérissée d’épieux. Et il y eut une sorte de trêve.