Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/179

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tenant, avant une demi-lune, ils espéraient rejoindre la horde.

Un jour, ils atteignirent un pays de hautes collines. Sous un ciel bas et jaune, les nues remplissaient l’espace et s’affalaient les unes sur les autres, couleur d’ocre, d’argile ou de feuilles flétries, avec des abîmes blancs, qui décelaient leur immensité. Elles semblaient couver la terre.

Naoh, entre tant de routes, avait choisi un long défilé, qu’il reconnaissait pour l’avoir parcouru à l’âge de Gaw, avec un parti de chasseurs. Tantôt creusé entre des calcaires, tantôt s’ouvrant en ravin, il finissait en un corridor à la pente rapide, où il fallait souvent gravir des pierres éboulées.

Les nomades le parcoururent sans aventure, jusqu’aux deux tiers de sa longueur. Vers le milieu du jour, ils s’assirent pour manger. C’était dans un demi-cirque, carrefour de crevasses et de cavernes. On entendait le grondement d’un torrent souterrain et sa chute dans un gouffre ; deux trous d’ombre s’ouvraient dans le roc, où apparaissait la trace de cataclysmes plus anciens que toutes les générations de la bête.

Quand Naoh eut pris sa nourriture, il se dirigea vers l’une des cavernes et la considéra longuement. Il se rappela que Faouhm avait montré à ses guerriers une issue par où l’on trouvait un chemin plus rapide vers la plaine. Mais la pente, semée de pierres trébuchantes, convenait mal à une troupe nombreuse : elle devait être plus praticable à trois hommes légers ; Naoh eut envie de la prendre.

Il alla jusqu’au fond de la caverne, reconnut la fissure et s’y engagea, jusqu’à ce qu’une faible lueur lui annonçât une sortie prochaine. Au retour, il rencontra Nam, qui lui dit :