Page:Rosny - La force mystérieuse, 1914.djvu/204

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jouaient auprès de la fontaine ; Sabine et Meyral se trouvèrent seuls, dans un parterre de passeroses, de tournesols, d’iris et de glaïeuls. Parce que son compagnon avait le cœur haletant de tendresse, elle était inquiète. Les pulsations de cette inquiétude pénétraient en Meyral et lui donnaient, par intervalles, une petite fièvre.

Il finit par dire :

— Je vous en supplie… soyez heureuse ! Ces heures sont peut-être les plus belles que goûtera votre jeunesse. Et c’est vous qui devriez le plus en jouir. Vous êtes libre, Sabine !

Elle rougit un peu et répondit :

— Le suis-je vraiment !

Il se tourna vers elle et s’enchanta aux pupilles baignées de la lueur couchante, aux volutes étincelantes de la chevelure, au sourire craintif sur les lèvres écarlates.

— Vous l’êtes, affirma-t-il avec force. Il faut me croire. Aucune contrainte ne vous viendra, sinon du dehors. Ne le sentez-vous donc pas, Sabine ?