Page:Rosny - La force mystérieuse, 1914.djvu/56

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rompre. Tout fuyait devant eux. De nouvelles détonations crépitèrent, et ce fut la charge : sur les tronçons hagards de l’émeute, les dogues fondaient à l’aventure, fracassant les visages, foulant les corps terrassés à coups de bottes, enfonçant vertigineusement les ventres. Une fureur sans bornes exaltait les assaillants ; aux clameurs et aux blasphèmes des victimes répondaient des rauquements et des halètements de carnivores… Mais une rumeur immense emplit l’avenue du Maine. Incohérente comme une rafale, elle exhalait des huées, des menaces, des exhortations ; puis le rythme y pénétra et, canalisant l’enthousiasme, le cri de guerre lui donna une âme :

 
Nous allons tuer la misère :
La nuit rouge monte là-bas !

Un homme au torse de squelette, haut de six pieds, brandissait une loque écarlate, une horde de terrassiers le suivait, bras entremêlés, barbes au vent ; le radeau des sergents de ville fut tronçonné et fracassé. De toutes