Page:Rosny aîné – Daniel Valgraive, 1891.djvu/206

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de cellules impondérables… mais dont chacune possède, réduits, tous les caractères que des millions d’ancêtres ont transmis en moi…, ces légions de corpuscules qui se plaignent de mourir…, qui font monter dans mon cerveau un hymne de désolation…, une prière infinie de vivre…, d’avoir une chance qu’un au moins d’entre eux se perpétue.

Sa morne pensée assistait à leur agonie. Invinciblement, ils prenaient la forme humaine. C’était un microscopique et innombrable peuple d’êtres qu’il grossissait jusqu’à des tailles de ciron, faute de pouvoir descendre à une mesure imaginative moindre. Mais ils avaient tous les attributs de l’homme, ils ouvraient des bouches plaintives et misérables, ils ressemblaient épouvantablement à toute la famille de Daniel. Bientôt, ils devinrent