Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/105

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— Combien y a-t-il de vivants dans l’oasis ?

Les deux hommes élevèrent des visages pâles, qui exprimaient une étrange sérénité. Puis, l’un d’eux répondit :

— Nous sommes cinq encore… Ce soir, nous serons délivrés !

Le cœur du veilleur se serra. Il reconnaissait, dans les regards qui croisaient le sien, la lueur brumeuse de l’euthanasie.

— Pouvons-nous descendre ? fit-il humblement. La loi nous exile.

— La loi est finie ! murmura le deuxième homme. Elle a disparu au moment où nous avons accepté la grande guérison…

Au bruit des voix, trois autres vivants parurent, deux hommes et une jeune femme. Tous considéraient les planeurs d’un air d’extase.

Alors, Targ et Arva atterrirent.

Il y eut un court silence. Le veilleur examinait avidement les derniers de ses semblables. La mort était en eux ; aucun remède ne pouvait combattre les poisons délicieux de l’euthanasie.

La femme, toute jeune, était de beaucoup la plus pâle des cinq. Hier encore, elle portait l’avenir, aujourd’hui, elle était plus vieille qu’une centenaire. Et Targ s’exclama :

— Pourquoi avez-vous voulu mourir ? L’eau est-elle donc épuisée ?

— Que nous importe l’eau ! chuchota la jeune femme. Pourquoi vivrions-nous ? Pourquoi nos