Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/121

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currence, soulevaient la pierre épaisse ou ramassaient les menus débris.

Et il poussa une plainte lugubre comme un cri d’agonie… Une lueur venait d’apparaître, cette lueur flexible et vivante qu’il avait aperçue, le jour du désastre, parmi les ruines des Terres-Rouges. Son cœur gela ; ses dents claquèrent. Les yeux pleins de larmes, il ralentissait tous les mouvements, il ne laissait agir que les mains de métal, plus adroites et plus douces que des mains d’homme.

Puis, il arrêta tout, il souleva contre sa poitrine, avec de rauques sanglots, ce corps qu’il avait si passionnément aimé…

D’abord, une onde d’espoir traversa son saisissement. Il lui semblait qu’Érê n’était pas froide encore. Plein de fièvre, il posa l’hygroscope sur les lèvres pâles…

Elle avait disparu dans la nuit éternelle.

Longtemps, il la contempla. Elle lui avait révélé la poésie des anciens âges ; des rêves d’une jeunesse extraordinaire transfiguraient la morne planète ; Érê était l’amour, dans ce qu’il a de vaste, de pur et presque d’éternel. Et, lorsqu’il la tenait dans ses bras, il lui semblait voir revivre une race neuve et innombrable.

— Érê ! Érê ! murmura-t-il… Érê, fraîcheur du monde ! Érê, dernier songe des hommes.

Puis, son âme se raidit. Il posa sur les cheveux