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LE DORMEUR


Au coin de la haie, vers une heure, protégé par une ombre maigre, l’ouvrier étameur s’était endormi.

Il reposait en croix, la bouche béante, soufflant en paix dans la chaleur. Sa grande face fauve, poilue à foison, lustrée par la sueur, avait un air de bonté. Toute une philosophie de labeur, de vie humble, utile, honnête, sourdait du sommeil de ce pauvre homme.

Un peu plus loin, au bord d’un champ déjà fauché, au détour d’un petit mamelon, les braises d’un foyer de bois gardaient une forte incandescence, et l’étain, dans la petite poêle réfractaire, était fondu. Tout autour, c’étaient des casseroles, des marmites, des seaux troués attendant le travail de l’ouvrier.

Cependant le grand soleil faisait crépiter les chaumes secs, gerçait la terre, buvait la fraîcheur, et l’accablement tenait les hommes et les bêtes couchés.

Un bruit de petits pas vibra dans le sentier, un enfant de quatre ans parut, en sabots, la tête