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LA MORT DE LA TERRE

Manô, le quadragénaire, avait gravi la plate-forme ; Targ et Arva étaient pâles. Et, comme la jeune fille tremblait un peu, le nouveau venu murmura :

— L’étroitesse même des oasis, et leur petit nombre, doivent nous rassurer. La probabilité est bien faible qu’elles se trouvent dans les zones dangereuses.

— D’autant moins le sont-elles, appuya Targ, que c’est leur position même qui, jadis, les a sauvées !

Le petit-fils de Dane avait entendu ; il eut son ricanement sinistre :

— Comme si les zones ne variaient pas de période en période ! D’ailleurs, ne peut-il suffire d’une faible secousse, mais frappant juste, pour tarir les sources ?

Il s’éloigna, plein d’une ironie morne. Targ, Arva et Manô avaient tressailli. Ils demeurèrent une minute taciturnes, puis le quadragénaire reprit :

— Les zones varient avec une extrême lenteur. Depuis deux cents ans, les fortes secousses ont passé au large du désert. Leurs répercussions n’ont pas altéré les sources. Seules, les Terres-Rouges, la Dévastation et l’Occidentale sont voisines des régions dangereuses…

Il considérait Arva avec une admiration douce, où levait la fleur d’amour. Veuf depuis trois ans, il souffrait de sa solitude. Malgré la révolte de son