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AU FOND DES BOIS


— Pourquoi je ne me suis pas marié ? fit Dareaux. C’est simple, fantasmagorique et épouvantable.

Il taillada avec son canif une vieille règle, puis, poussant un soupir :

— Ça se perd dans la nuit des âges. J’avais vingt-cinq ans et je percevais les impôts dans un maigre bureau, au fond d’un maigre canton. La besogne n’était pas très absorbante. Elle me laissait le loisir de rêver et de courir du pays. J’aimais la profondeur des bois et « leur vaste silence ». J’aimais aussi Mlle Mariette Dieutegard, la fille de maître Dieutegard, qui avait du foin dans ses bottes et qui, tout en exploitant merveilleusement ses terres et son bétail, prenait la vie par sa face joyeuse. Mariette Dieutegard ressemblait à cette Mme de Pourtalès qui jeta une lueur si fine à la cour de Napoléon III. Sa grâce native avait été affinée au couvent des Dames de la Vierge-Noire. Elle y était devenue tout à fait char-