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LA BOUCHERIE DES LIONS


On m’avait signalé dans l’Atlas, raconta Jean-maire, un réseau de cavernes qui ne pouvaient manquer de me mettre l’eau à la bouche. J’y fus, avec deux grands diables de Kabyles ; nous explorâmes quelques trous et quelques grottes de belle envergure, de beaucoup inférieurs, toutefois, aux terres souterraines que j’avais visitées en France. Nous peinions depuis plusieurs semaines, lorsqu’il arriva une catastrophe : un écroulement de rocs enterra mes Kabyles, avec tout leur fourniment ; je me trouvai seul, dans un endroit particulièrement sauvage. C’était une manière de petit plateau, qui surplombait, de toutes parts, une véritable île de l’air d’où je n’aurais pu m’évader qu’avec une provision de cordes. La veille, il était relié au reste du système, du côté de l’Orient : l’écroulement venait d’en faire un refuge inaccessible pour les aigles. Je n’avais pour toute ressource qu’un piolet, dix à douze mètres de cordes, un couteau-poignard, une carabine, — mais pas