Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/56

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des colonnes d’anthracite. Une joie aiguë le saisit, il se mit à courir ; tout parut possible.

Mais la pierre est aussi pleine d’énigmes que, jadis, la forêt verte. Soudain, le couloir se termina. Targ se trouva devant une muraille ténébreuse dont la radiatrice tirait à peine quelques reflets… Néanmoins, il ne cessait d’explorer les parois. Et il découvrit, à trois mètres de hauteur, l’ouverture d’une autre crevasse.

C’était une fente un peu sinueuse, inclinée d’environ quarante degrés sur l’horizontale, assez large pour admettre le passage d’un homme. Le veilleur la considérait avec un mélange de joie et de désappointement. Elle attirait sa chimérique espérance, puisqu’enfin la voie n’était pas définitivement close ; par ailleurs, elle se manifestait décourageante, puisqu’elle reprenait vers le haut.

— Si elle ne redescend pas, il y a plus de chances qu’elle me ramène à la surface que dans le sous-sol ! grommela l’explorateur.

Il eut un geste d’insouciance et de défi, un geste qui lui était étranger, comme à tous les hommes actuels, et qui répétait quelque geste ancestral. Puis, il se mit en devoir d’escalader la paroi.

Elle était presque verticale et lisse. Mais Targ avait emporté l’échelle en fibres d’arcum, que les aviateurs n’oubliaient jamais. Il la tira de son sac d’outils. Après avoir servi à plusieurs générations, elle était aussi souple et solide qu’aux premiers