Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/66

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— L’aube ! balbutia le jeune homme… Le jour !

Il étendit les bras vers l’orient, dans un geste d’extase ; puis, ses yeux se refermèrent, et, sans qu’il en eût conscience, il s’étendit sur le sol.

Une lueur rouge le réveilla. Soulevant avec peine les paupières, il aperçut, au fond de l’horizon, l’orbe immense du soleil.

— Allons ! debout…, se dit-il.

Mais une torpeur invisible le clouait au sol ; ses pensées flottaient engourdies, la fatigue lui prêchait le renoncement. Il allait se rendormir, lorsqu’il sentit un léger picotement par tout l’épiderme. Et il vit, sur sa main, à côté des écorchures qu’il s’était faites aux pierres, des points rouges caractéristiques.

— Les ferromagnétaux, murmura-t-il. Ils boivent ma vie !.

Dans sa lassitude, l’aventure ne l’effraya guère. C’était comme une chose lointaine, étrangère, presque symbolique. Non seulement il ne ressentait aucune souffrance, mais la sensation se révélait presque agréable ; c’était une sorte de vertige, une griserie légère et lente qui devait ressembler à l’euthanasie… Soudain, les images d’Érê et d’Arva traversèrent sa mémoire, suivies d’un ressaut d’énergie.

— Je ne veux pas mourir ! gémit-il. Je ne veux pas !

Il revécut obscurément sa lutte, ses souffrances,