Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

C’était dans une plaine excessivement morne, où se dressaient à peine quelques blocs solitaires. Les ferromagnétaux y dessinaient de toutes parts leurs agglomérations violettes. Il y prenait à peine garde lorsque, au Sud, sur une surface jaune clair, il aperçut une race qu’il ne connaissait point encore. Elle produisait des individus de grande taille, chacun formé de dix-huit groupes. Quelques-uns atteignaient une longueur totale de trois mètres. Targ calcula que la masse des plus puissants ne devait pas être inférieure à quarante kilogrammes. Ils se déplaçaient plus facilement que les plus rapides ferromagnétaux connus jusqu’alors ; en fait, leur vitesse atteignait un demi-kilomètre par heure.

— C’est effrayant, murmura le veilleur. S’ils pénétraient dans l’oasis, ne serions-nous pas vaincus ? Le moindre hiatus dans l’enceinte nous ferait courir un danger mortel.

Il frissonna ; une tendresse inquiète le mena dans les chambres voisines. À la lueur orange d’un Radiant, il contempla l’étonnante chevelure lumineuse d’Érê et le visage frais des enfants. Son cœur fondait. Rien que de les voir vivre, il ne pouvait concevoir la fin des hommes. Eh quoi ! la jeunesse, la puissance mystérieuse des générations sont en eux, si pleines de sève, et tout va s’évanouir ? Qu’une race cacochyme, lentement brisée par la décadence, en fût là, ce serait logique : – mais eux, mais ces chairs aussi jolies et aussi