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Page:Rosny aîné - Les astronautes - 1960.djvu/41

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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

Qu’il y faille des affinités, des inter-influences mystérieuses, c’est probable, puisque rien de pareil ne s’est produit pour Antoine, ni même pour Jean, plus nerveux et plus émotif que moi.

« Je n’osais pas croire que vous reviendriez, dit-elle. C’est un trop grand bonheur de nous revoir ! »

L’absence ne lui avait fait rien perdre du langage par signes créé par les Tripèdes et par nous.

Sa joie rayonnait autour d’elle et la rendait plus fascinante.

« L’impossible seul pouvait m’arrêter ! » répondis-je.

Si pure que fût notre tendresse, nous n’en voulions pas dire davantage, non par pudeur — ce mot n’a aucun sens ici — mais parce que notre intimité était ombrageuse. Du moins en allait-il ainsi pour moi, mais je le pressentais pour elle aussi, soit par intuition, soit par illusion.

Une multitude était accourue, émerveillée et joyeuse. Son silence, le silence éternel des Tripèdes pour qui le son n’existe pas, était pourtant bizarrement tumultueux. Je ne trouve point d’autres terme pour exprimer l’allégresse lumineuse qui éclairait les visages : tant d’yeux étincelants faisaient une manière d’illumination astrale : on eût dit une foule vivante de constellations.

La conversation avec le Chef Implicite dura quelque temps : il fut convenu que nous examinerions avec lui et les plus avisés Tripèdes le moyen de combattre partout l’invasion des Zoomorphes.

Il faudrait s’entendre cette fois avec les peuples