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Page:Rosny aîné - Les astronautes - 1960.djvu/48

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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

Mon cœur s’était mis à battre et je me détournai pour cacher mon trouble à Violaine. C’était absurde, en somme, puisque mon amour pour Grâce n’avait aucun rapport avec un amour terrestre, puisqu’il en était plus loin que même mon amitié pour Jean et pour Antoine.

Mais pour pur fût-il, plus pur que ne le fut jamais le plus pur sentiment des humains, cependant la sexualité s’y mêlait sous forme sublimée et quasi surnaturelle. Et Violaine, si elle l’avait compris, eût été jalouse. Était-il possible qu’elle le comprît ? Pas directement sans doute, pas réellement, mais par transposition, par fausse analogie. En tout cas, elle ne soupçonnerait rien immédiatement.

Cependant, Jean avait répondu au Chef Implicite :

« Il y aurait même place pour plusieurs passagers supplémentaires. »

Quand le Chef eut disparu, Violaine murmura :

« Sa fille… la plus brillante des Tripèdes que nous avons vue dans les cavernes ?

— La plus brillante, oui.

— Qu’elle m’a charmée ! »

L’exclamation me soulagea, ce qui tout de même est absurde. Quelle révélation pourrait s’élever dans l’âme de Violaine, quelle forme de jalousie ? Une femme pourrait-elle être jalouse d’une rose ?

Pourtant, une impression persiste qu’aucun raisonnement ne saurait détruire. L’exemple de la rose est d’ailleurs spécieux. Un ami trop intime, un animal trop choyé, chien ou chat, et sans qu’il y