Aller au contenu

Page:Rosny aîné - Les astronautes - 1960.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
172
LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

fin de la vie pour tous, les Tripèdes désiraient garder la partie du sol encore considérable que les Zoomorphes leur avaient laissée. Aussi notre intervension, lors du premier voyage, avait excité un enthousiasme universel.

D’ailleurs, à l’imitation de nos barrières fluidiques, d’autres barrières avaient été créées, mais avec un art inégal. Certaines empêchaient, quoique imparfaitement, l’infiltration ennemie.

Pour barrer partout la route aux envahisseurs, il faudrait de longues années, peut-être un siècle. Le pourtour du domaine, presque double de notre domaine européen, exigeait des machines et des réserves radiantes colossales et, pour subtile qu’elle fût encore, l’industrie des Tripèdes était loin de compte. Leur activité aussi : ils n’étaient point paresseux, mais depuis des millénaires, leur labeur était fort modéré.

Tous travaillaient, il est vrai, sans distinction de sexe, depuis leur jeunesse jusqu’à un âge avancé.

Aucun ne se dérobait à sa tâche, encore que leur liberté individuelle fût complète. C’était le triomphe de l’entraide, spontanément ordonnée, régie par des coutumes sans lois, sans obligations pénales.

Depuis tant de siècles et siècles qu’ils ignoraient le meurtre, et presque la violence, ils n’avaient que faire d’un appareil justicier ou de n’importe quelle servitude sociale. Au total, aucun travail intensif et des machines modérées comme eux-mêmes.