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Page:Rosny aîné - Les astronautes - 1960.djvu/79

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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

ment implique des changements de structure souvent considérables. Renouvelé, l’individu ne garde de sa vie antérieure qu’une mémoire confuse bientôt anéantie.

« C’est comme s’ils mouraient sans mourir et renaissaient sans renaître », observa Violaine.

Nous ne parvînmes pas à déterminer nettement comment ils se comprenaient, de quoi était fait ce qui devait correspondre à notre langage.

C’étaient nécessairement des combinaisons rayonnantes, d’une complication extrême, et qui exigeaient, comme chez nous d’ailleurs, une intervention constante de l’intuition. Imaginons, pour fixer les idées, car cela ne correspond à aucune réalité certaine, que tout ce que nous exprimons par la parole doive être complété par l’auditeur.

On dira avec raison qu’il se passe quelque chose de semblable dans la transmission de nos pensées et de nos sentiments, d’où tant d’erreurs d’interprétation, une compréhension toujours imparfaite et souvent fausse des sentiments comme des idées.

Mais les lacunes ou les fausses interprétations sont, chez nous, le signe de notre insuffisante discrimination, plus encore que de l’insuffisance du langage. Chez les Éthéraux, le langage évoque chez celui à qui l’on parle ce qui se passerait réellement chez l’autre, non par une répétition intégrale, mais par un développement auquel je ne comprends goutte. Autrement dit, le langage, tout en ayant une signification assez large par lui-même, sert à établir des états d’âme, à faire concorder les orga-