Page:Rosny aîné - Les navigateurs de l’infini - NRC, 1925.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
209
LES NAVIGATEURS DE L’INFINI


angoisses, les détresses, et l’impatience accablante et l’espérance violente combinée à la terreur — tout le drame de l’amour et de la mort.

Cependant, je suivais le Chef Implicite et nous arrivâmes au bord du long ravin qui fut une rivière, quand il y avait encore des rivières dans ce monde condamné…

Des corps étendus pèle-mêle, une foule éperdue comme un peuple de fourmis chassé par l’inondation, quelques Tripèdes qui s’efforcent de donner des soins aux foudroyés…

Déjà j’étais auprès de Grâce, immobile et qui semblait sans souffle, le corps rigide. Je me souvins de ce matin où mourut ma sœur Clotilde, où les abîmes du néant engloutissaient l’univers.

Le Chef Implicite devina ma pensée :

— Elle n’est pas morte ! fit-il.