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Page:Rossat - Chansons populaires recueillies dans la Suisse romande, 1917, tome 2, 1re partie.djvu/15

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INTRODUCTION.

Conformément an plan prévu par Rossat ’, nous présentons dans ce second volume, comme suite des « Chansons traditionnelles », les Chansons de fêtes, les Vies et Miracles de Jésus, de la Vierge et des Saints, les Complaintes, auxquelles nous ajoutons les Chansons de Couvent. Avec les récits épiques publiés par Rossât 1 , nous avons ici la matière la plus ancienne de notre répertoire populaire, intéressante aussi bien au point de vue du folklore proprement dit que de l’histoire littéraire.

Les Chansons de fêtes sont en majeure partie des chansons de quête, vestiges de croyances et de rites primitifs, repris et modifiés par le Christianisme et perpétués par lui jusqu’à nos jours. — Le caractère expiatoire des quêtes primitives 2 , où les quémandeurs déguisés représentaient les démons ou esprits qu’il fallait se concilier par des dons, a été maintenu, dans son principe, par l’Eglise qui fait dépendre des bonnes œuvres la rédemption et le salut des âmes. C’est donc non seulement un devoir sacré, mais un acte dicté par l’intérêt personnel que de faire participer à ses richesses, à ses joies, les déshérités de la vie.

Ceux-ci ne manquent pas une occasion de le rappeler aux possédants. Toutes les fêtes chrétiennes — substituées à des cérémonies païennes — sont des prétextes à solliciter la charité. Les peuples conservateurs connaissent et pratiquent encore dans une large mesure ce principe de «compensation ; sociale : Ne voit-on pas en Italie, à Noël, à Nouvel-an et à Pâques, les rues fourmiller de quêteurs qui vous souhaitent la huona pasqua ou le tmon anno en tendant la main ? Ce brave popolino ne songe pas le moins du monde à mendier : il exerce l’antique et saint droit des pauvres : res sacra miser !

Si l’on ne perd pas de vue ce principe fondamental de nos chansons de quête, on comprendra sans autre la note religieuse, le ton édifiant, l’air de sermon qui leur sont communs. On ne se trompera guère en cherchant leurs auteurs parmi

[1]

  1. Les Chansons populaires recueillies dans la Suisse Romande et publiées par Arthur Rossât. Tome I, Vol. 13 des Publications de la Société suisse des Traditions populaires. Bâle/Lausanne, 1917 (Plan de publication, p. 21/22). — 2 D r K. Meuli, Bettelumzùge im Totenkultus, Opferritual und Volksbrauch. Archives XXVIII (1927), page 1.