qu’elles sont moins bruyantes et heureusement aussi
moins dangereuses, moins sanglantes que les révolutions
sociales et les révolutions politiques, parce
que les unes sont quelquefois des faits brusques
et instantanés, tandis que les révolutions économiques,
par la nature même des choses, se déroulent
et s’accomplissent peu à peu, successivement,
au point que souvent elles ont échappé à
l’œil de l’historien, qui a cherché je ne sais quelle
solution de ce qui lui paraissait énigme, problème,
mystère, parce qu’il manquait des connaissances
nécessaires pour trouver la véritable solution dans
le développement, dans la marche économique des
nations.
Or, Messieurs, les révolutions économiques, ainsi que je l’ai dit, quelquefois précèdent, quelquefois suivent les révolutions sociales. Quelquefois aussi une transformation économique ou une certaine situation économique devient la cause d’une révolution sociale, et la révolution sociale une fois accomplie réagit à son tour en produisant une transformation économique plus complète et plus profonde.
Il n’est pas un de vous, Messieurs, qui ne se rappelle que cette grande révolution sociale qui est désignée dans l’histoire sous le nom d’affranchissement des communes a été due à une situation, à une transformation économique. C’est l’industrie, c’est le commerce, c’est la richesse des bourgs et des villes qui ont enfanté leur liberté. Et, pour arriver d’un saut à notre temps, l’Amérique du Nord s’est éman-