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TROISIÈME ACTE.

Avec ses chers cadets, pendant toute la guerre,
À Paris, bras croisés !… C’est la seule manière,
Un homme comme lui, de le faire enrager
Vous voulez le punir ? privez-le de danger.

De Guiche.

Une femme ! une femme ! il n’y a qu’une femme
Pour inventer ce tour !

Roxane.

Pour inventer ce tour ! Il se rongera l’âme,
Et ses amis les poings, de n’être pas au feu :
Et vous serez vengé !

De Guiche, se rapprochant.

Et vous serez vengé ! Vous m’aimez donc un peu !
(Elle sourit.)
Je veux voir dans ce fait d’épouser ma rancune
Une preuve d’amour, Roxane !…

Roxane.

Une preuve d’amour, Roxane !… C’en est une.

De Guiche, montrant plusieurs plis cachetés.

J’ai les ordres sur moi qui vont être transmis
À chaque compagnie, à l’instant même, hormis…

(Il en détache un.)

Celui-ci ! C’est celui des cadets.

(Il le met dans sa poche.)

Celui-ci ! C’est celui des cadets. Je le garde.
(Riant.)
Ah ! ah ! ah ! Cyrano !… Son humeur bataillarde !…
— Vous jouez donc des tours aux gens, vous ?…

Roxane, le regardant.

— Vous jouez donc des tours aux gens, vous ?… Quelquefois.

De Guiche, tout près d’elle.

Vous m’affolez ! Ce soir — écoutez — oui, je dois
Être parti. Mais fuir quand je vous sens émue !…
Écoutez. Il y a, près d’ici dans la rue
D’Orléans, un couvent fondé par le syndic
Des capucins, le Père Athanase. Un laïc