Page:Rostand - Cyrano de Bergerac.djvu/126

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Cyrano, poussant Christian vers le balcon.

Monte !

Roxane.

Monte !Ce goût de cœur…

Cyrano.

Monte !Ce goût de cœur…Monte !

Roxane.

Monte !Ce goût de cœur…Monte !Ce bruit d’abeille…

Cyrano.

Monte !

Christian, hésitant.

Monte !Mais il me semble à présent que c’est mal !

Roxane.

Cet instant d’infini !…

Cyrano, le poussant.

Cet instant d’infini !…Monte donc, animal !

(Christian s’élance, et par le banc, le feuillage, les piliers, atteint les balustres qu’il enjambe.)

Christian.

Ah ! Roxane !

(Il l’enlace et se penche sur ses lèvres.)

Cyrano.

Ah ! Roxane !Aïe ! au cœur, quel pincement bizarre !
— Baiser, festin d’amour dont je suis le Lazare !
Il me vient de cette ombre une miette de toi, —
Mais oui, je sens un peu mon cœur qui te reçoit,
Puisque sur cette lèvre où Roxane se leurre
Elle baise les mots que j’ai dits tout à l’heure !

(On entend les théorbes.)

Un air triste, un air gai : le capucin !

(Il feint de courir comme s’il arrivait de loin, et d’une voix claire.)

Un air triste, un air gai : le capucin !Holà !

Roxane.

Qu’est-ce ?

Cyrano.

Qu’est-ce ?Moi. Je passais… Christian est encor là ?