Page:Rostand - Cyrano de Bergerac.djvu/208

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Mais… que je n’entends pas pour la première fois !

(Elle s’approche tout doucement, sans qu’il s’en aperçoive, passe derrière le fauteuil se penche sans bruit, regarde la lettre. — L’ombre augmente.)

Cyrano.

« Mon cœur ne vous quitta jamais une seconde,
« Et je suis et serai jusque dans l’autre monde
« Celui qui vous aima sans mesure, celui… »

Roxane, lui posant la main sur l’épaule.

Comment pouvez-vous lire à présent ? Il fait nuit.

(Il tressaille, se retourne, la voit là tout près, fait un geste d’effroi, baisse la tête. Un long silence. Puis, dans l’ombre complètement venue, elle dit avec lenteur, joignant les mains.)

Et pendant quatorze ans, il a joué ce rôle
D’être le vieil ami qui vient pour être drôle !

Cyrano.

Roxane !

Roxane.

Roxane !C’était vous.

Cyrano.

Roxane !C’était vous.Non, non, Roxane, non !

Roxane.

J’aurais dû deviner quand il disait mon nom !

Cyrano.

Non ! ce n’était pas moi !

Roxane.

Non ! ce n’était pas moi !C’était vous !

Cyrano.

Non ! ce n’était pas moi !C’était vous !Je vous jure…

Roxane.

J’aperçois toute la généreuse imposture :
Les lettres, c’était vous…

Cyrano.

Les lettres, c’était vous…Non !

Roxane.

Les lettres, c’était vous…Non !Les mots chers et fous,