Page:Rostand - Cyrano de Bergerac.djvu/73

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Roxane.

Ah, c’est que quelqu’un hier m’a mis la mort dans l’âme,
Et me disant que tous, vous êtes tous Gascons
Dans votre compagnie…

Cyrano.

Dans votre compagnie…Et que nous provoquons
Tous les blancs-becs qui, par faveur, se font admettre
Parmi les purs Gascons que nous sommes, sans l’être ?
C’est ce qu’on vous a dit ?

Roxane.

C’est ce qu’on vous a dit ?Et vous pensez si j’ai
Tremblé pour lui !

Cyrano, entre ses dents.

Tremblé pour lui !Non sans raison !

Roxane.

Tremblé pour lui !Non sans raison !Mais j’ai songé
Lorsque invincible et grand, hier, vous nous apparûtes,
Châtiant ce coquin, tenant tête à ces brutes, —
J’ai songé : s’il voulait, lui, que tous ils craindront…

Cyrano.

C’est bien, je défendrai votre petit baron.

Roxane.

Oh, n’est-ce pas que vous allez me le défendre ?
J’ai toujours eu pour vous une amitié si tendre.

Cyrano.

Oui, oui.

Roxane.

Oui, oui.Vous serez son ami ?

Cyrano.

Oui, oui.Vous serez son ami ?Je le serai.

Roxane.

Et jamais il n’aura de duel ?

Cyrano.

Et jamais il n’aura de duel ?C’est juré.