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« 58 LE VOL DE LA MARSEILLAISE.

Je voudrais garder sous le saule
L’enfant tombé sous les drapeaux ;
J’ai donné cette jeune épaule
Qui fut l’endroit de mon repos ;


J’ai donné ce front plein de grâce,
Lieu de mes baisers les plus doux ;
Mais je n’ai pas donné la place
De mes pleurs et de mes genoux.


Quoi ! le socle de ma prière
Viendrait à me faire défaut ?
’Je n’ai pas donné cette pierre ;
Je la donnerai s’il le faut.


S’il le faut, mon Dieu, ma pensée
Tournera comme l’aquilon
Sur une tombe dispersée,
Et priera sur tout un vallon !


Mais je voudrais bien être sûre,
S’il se peut, qu’on me le rendra.
Je n’ai pas lavé la blessure
Et je n’ai pas cousu le drap ;