Page:Rostand - Les Musardises, 1911.djvu/290

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Le douanier n’ayant eu vers lui qu’un regard vague,
L’âne fit un écart. Et soudain une dague
Tomba sur le sol en tintant.

Une très vieille dague espagnole. — Et puis, comme
L’àne faisait, malgré les efforts du pauvre homme,
Des bonds de poulain andalou,
On vit un ancien casque en forme d’astrolabe
Et deux longs éperons de style presque arabe
Tomber aux pieds du gabelou.

Et comme l’âne, ému par ces nouveaux vacarmes,
Ruait, — chaque ruade éparpilla des armes!
Et, tout le sac s’ouvrant dans l’air,
Ce fut, pendant qu’au bruit accouraient des marmailles,
Un envol de rivets, de tassettes, de mailles,
Un feu d’artifice de fer!

Quoi! c’étaient, dans ce sac, sous une avoine fourbe,
Des armes que cachait ce vieillard qui se courbe
Et craintivement s’amoindrit?
Prépare-t-on la guerre au fond de la vallée?
Ou bien veut-on passer une armure volée
A l’Armeria de Madrid?