Page:Rostand - Les Musardises, 1911.djvu/96

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Quand il s'amuse, il est extrêmement comique, Pataud et gracieux, tel un ourson drôlet. Souvent je m'accroupis pour suivre sa mimique Quand on met devant lui la soucoupe de lait.

Tout d'abord, de son nez délicat il le flaire, Le frôle ; puis, à coups de langue très petits, Il le lampe ; et dès lors il est à son affaire; Et l'on entend, pendant qu'il boit, un clapotis.

Il boit, bougeant la queue, et sans faire une pause, Et ne relève enfin son joli museau plat Que lorsqu'il a passé sa langue rèche et rose Partout, bien proprement débarbouillé le plat.

Alors, il se pourlèche un moment les moustaches, Avec l'air étonné d'avoir déjà fini; Et, comme il s'aperçoit qu'il s'est fait quelques taches, Il relustre avec soin son pelage terni.

Ses yeux jaunes et bleus sont comme deux agates; Il les ferme à demi, parfois, en reniflant, Se renverse, ayant pris son museau dans ses pattes, Avec des airs de tigre étendu sur le flanc.