Page:Rostand - Un soir à Hernani, 1902.djvu/40

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Et comme dans son œuvre énorme on trouve tout,
J’y prends quelques beaux vers comme on choisit des cierges,
Et je les fais brûler doucement. Et les Vierges
— Fronts de cire entrevus à travers des carreaux —
Sont celles justement qu’invoquent ses héros ;
Et je t’ai demandé, Petit Roi de Galice,
Comment il faut prier pour que Dieu s’attendrisse !



Et je sors tout ému sous le ciel toujours beau ;
Et je marche en disant : « Maître, Génie, Hugo…
Souris, Père d’un siècle, aux humbles fils d’une heure !
Que quelque chose, en nous, de ce grand jour, demeure !
Donne-nous le courage et donne-nous la foi
Qu’il nous faut pour oser travailler après toi… »
Et les mots se pressaient sans ordre sur ma lèvre,
Car depuis le matin je cultivais ma fièvre.
« … Fais que nous nous levions la nuit pour travailler,
Que nous ne dormions plus à cause du laurier ;
Et détache ta main, un instant, de ta tempe,
Pour bénir notre front, notre cœur, notre lampe… »
Des paysans passaient. — « Persuade-nous bien
Que le travail est tout, que nous ne sommes rien… »
Un chant montait, de ceux que plusieurs voix reprennent.
« … et dis-nous de chanter pour que tous nous comprennent ! »