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Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/138

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Vous, que la vérité de ses temples écartes,
Croyez qu’esclave-né d’un aveugle pouvoir,
L’animal ne sauroit ni sentir, ni prévoir !

Dites que de leur sang le cours involontaire
Des loix du mouvement rend leur corps tributaire :
La raison vous condamne ; elle parle, et détruit
Un systême jaloux, que l’orgueil a construit.
Je sais bien que Buffon daigne grossir le nombre
Des mortels, que Réné voit autour de son ombre ;
Qu’à ce maître fameux, qu’on délaisse aujourd’hui,
D’un style séducteur il a prêté l’appui :
Mais fidèle au respect que je dois au grand-homme,
Qui, de l’être incréé jusqu’au plus vil atôme
Promenant de son vol l’infatigable ardeur,
De l’univers entier sonda la profondeur,
J’ose, sans étaler une audace insensée,
À son autorité dérober ma pensée :
Trop de fois à l’erreur un grand-homme est soumis.
Au sein des animaux, oui, la nature a mis
Un esprit, qui dans eux fait mouvoir la matière,
L’éclaire, la conduit, l’anime toute entière.