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Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/279

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L’hyver s’irrite encor ; sa farouche âpreté
Et du marbre et du roc brise la dureté :
Ouverts à longs éclats, ils quittent les montagnes,
Et fracassés, rompus roulent dans les campagnes.
L’oiseau meurt dans les airs, le cerf dans les forêts,
L’innocente perdrix au milieu des guérets ;
Et la chèvre et l’agneau qu’un même toît rassemble,
Bêlant plaintivement, y périssent ensemble ;
Le Taureau, le coursier expire sans secours ;
Les fleuves, dont la glace a suspendu le cours,
La Dordogne et la Loire et la Seine et le Rhône
Et le Rhin si rapide et la vaste Garonne,
Redemandent en vain les enfans de leurs eaux.
L’homme foible et percé jusqu’au fond de ses os,
Près d’un foyer ardent, croit tromper la froidure ;
Hélas ! Rien n’adoucit les tourmens qu’il endure.
L’impitoyable hyver le fuit sous ses lambris,
L’attaque à ses foyers d’arbres entiers nourris,
Le surprend dans sa couche, à ses côtés se place,
L’assiège de frissons, le roidit et le glace.

Le règne du travail alors fut suspendu.